J’ai 31 ans et j’ai des acouphènes.
Avant d’en avoir, je pensais que c’était pour les personnes
âgées.
Comme une tare réservée à ceux qui sont trop fatigués.
Avant d’en avoir, je pensais que les plus jeunes qui en
souffraient étaient musiciens ou fêtards.
Comme une tare réservée à ceux qui ont un peu trop profité.
Avant d’en avoir, je pensais que les jeunes non fêtards qui avaient
des acouphènes avaient dû subir un choc émotionnel.
Comme une tare réservée à ceux qui ne savent pas prendre
soin de leurs émotions.
J’ai 31 ans donc a priori je suis encore jeune.
Je ne suis pas fêtarde donc a priori je n’ai jamais abimé
mes oreilles.
Je suis Sophrologue donc a priori je prends soin de mes
émotions au quotidien.
Avant d’en avoir je pensais que je n’en aurai jamais.
Ils sont venus me rappeler à l’ordre pour plus d’humilité
devant ce corps qui parfois fait ce qu’il veut. Ou ce qu’il peut.
Je ne peux pas les nier, ils sont bien là. Dans mon oreille
gauche, presque en permanence, le bip biiiip bip d’un son aigu qui rompt le
silence. Mon précieux silence.
En sophrologie, le silence est partout. Je le cultive, je le
crée chaque jour. Je le chéris. J’en ai besoin. Mais je ne l’ai plus.
Ce constat c’est celui du deuil. Le deuil d’un corps qui réagit
aux antipodes de ce que j’aurais voulu. Celui d’un silence que je n’aurai
jamais plus.
C’est un travail d’acceptation d’un dérèglement. C’est le début
de mes soins.
Car l’acouphène, on le sait bien, on ne le soigne pas
vraiment. On apprend « juste » à vivre AVEC un bruit et SANS silence.
Alors je m’en vais démarrer ce deuil avec humilité et faire
ce que je fais de mieux : prendre soin de mes émotions.
Pendant les prochaines semaines, je testerai la sophrologie
sur moi pour combattre (oups ça part déjà mal) apprendre à vivre avec
mes acouphènes.
Vous qui avez des acouphènes, comment composez-vous avec
cette nouvelle réalité ?